Confinement des voyageurs : Brahim en Bolivie
Dans le cadre du projet « Voyageurs en confinement », j’ai discuté avec Brahim, qui est parti voyager seul en Amérique latine début 2020. Il s’est retrouvé bloqué en Bolivie, où il est toujours actuellement. Son témoignage permet de mieux comprendre pourquoi de nombreux voyageurs sont restés coincés à l’étranger lors de la fermeture des frontières. Courage à tous ceux qui sont dans la même situation !
– Peux-tu te présenter et expliquer dans quel cadre tu es parti en voyage ?
Bonjour,
Je suis Brahim, j’ai 26 ans et j’habite en région parisienne. J’ai décidé de parcourir début 2020 une partie de l’Amérique du Sud. Je suis parti le 13 janvier de Marseille seul et en sac à dos direction le Brésil et Sao Paulo plus précisément. Partant avec plein d’appréhensions sur ce continent, je me suis très vite confronté à la réalité qui est tout autre. Tout se passait très bien et j’ai pu découvrir de si beaux paysages et faire la rencontre de très belles personnes.
– Où étais-tu quand tu as entendu parler du Corona ? Comment as-tu ressenti la situation au début ?
La première semaine de mon voyage, une backpackeuse m’a informé qu’il y avait un nouveau virus en Chine et qu’il était mortel. Toutefois, j’en ai très peu entendu parler pendant le premier mois, comme si l’Amérique du Sud était totalement isolée. Les locaux faisaient même des vannes sur le virus. J’ai pu continuer mon voyage en voyant cela de très loin. Lorsque le virus a commencé à toucher la France, je réalisais un peu plus l’étendue du problème. Toutefois, je ne pouvais m’imaginer un seul instant la soudaineté des décisions et les répercussions à l’échelle mondiale.
– As-tu pensé rentrer ? Pourquoi es-tu resté en Amérique du Sud?
La situation a complètement changé en l’espace de quelques jours. C’est pour ça qu’il y a autant de voyageurs bloqués dans les pays. Les pays d’Amérique du Sud ont parfois fermé leurs frontières en 48 h. Dans des pays aussi vastes, rejoindre l’aéroport international peut prendre des jours.
Pour ma part, j’étais dans le Salar d’Uyuni en Bolivie lorsque j’ai appris que le pays allait fermer ses frontières. De ce fait, le groupe de touristes et moi-même avons décidé d’annuler l’excursion de 3 jours pour aller directement à Uyuni et espérer trouver un vol vers la France.
Nous avons eu une panne de voiture dans le désert. Super. Nous sommes donc arrivés à Uyuni à 23 h et nous avons cherché une auberge de jeunesse pour nous reposer quelques heures. Notre objectif était de nous rendre à Santa Cruz pour prendre un vol vers le Brésil puis la France. Après 4 h de bus, nous sommes arrivés à Potosi, qui est la ville intermédiaire, puisqu’il n’existe pas de ligne directe. Nous avons pris un taxi pendant 2H pour arriver dans la ville de Sucre. Nous avons alors appris qu’il n’y avait pas d’avion de Sucre à Santa Cruz.
Le couple de Français, le Britannique et moi décidons alors d’aller dans la deuxième grande ville qui est La Paz pour ensuite espérer prendre un vol vers la France. Après 1 h de vol, nous arrivons à La Paz où nous apprenons qu’il n’y a plus de vols internationaux. Il faut donc reprendre un vol vers Santa Cruz qui est à environ 1000km. Lassé par les déplacements, les prises de décisions, j’ai décidé de me séparer du groupe et de rester sur place jusqu’à ce que la situation en Bolivie se débloque.
– Comment ça se passe pour toi sur place ? Quelles sont les mesures prises par le gouvernement ?
J’ai pris un bus de 4 h direction Copacabana à la frontière péruvienne. Je suis tombé sur un gérant d’auberge de jeunesse ô combien généreux et sympathique ! J’ai une chambre qui a une vue sur le lac Titicaca et surtout la ville est très paisible malgré la méfiance des locaux due au premier cas de Coronavirus détecté. Le gouvernement bolivien a décrété un couvre-feu dans un premier temps pour transformer cela 5 jours après en un confinement total. La dernière mesure prise autorise une sortie par semaine en fonction du numéro de la pièce d’identité. Toute sortie est prohibée le weekend. Le gouvernement prend cela très au sérieux et prend des mesures drastiques malgré le nombre de cas relativement faible.
– Ton mot de la fin
Enfin, je prends mon mal en patience, c’est une pandémie qui affecte tous les continents et la Bolivie n’est pas le pays le plus mal loti. L’ambassade française travaille actuellement pour rapatrier ses ressortissants. Nous espérons donc une issue favorable dans les prochains jours, sinon il faudra attendre l’ouverture des frontières dans quelques mois.
Merci !
Merci à toi Brahim pour ton témoignage !
N’hésitez pas à consulter son Instagram où il publie de magnifiques photos d’Amérique du Sud ! Ça me donne tellement envie d’y retourner quand cette crise sera derrière nous !
Vous pouvez retrouver les autres témoignages ici :
– Cécile, voyageuse confinée au Guatemala (Amérique centrale)
– Lauriane, expatriée confinée au Nicaragua (Amérique centrale)
– Quentin et Margaux, voyageurs confinés à Bali en Indonésie (Asie)
– Delphine, étudiante Erasmus à Milan, qui a vécu le début de la crise en Italie (Europe)